La vie exagérément exagérée d'Yves H

La vie exagérément exagérée d'Yves H

 

Contrairement à ce que prétendent les biographies officielles, Yves H n'est pas né le 17 mars 1967 en Belgique. Il a vu en fait le jour à Paris le 27 mars 1966. Son prénom n'était d'ailleurs pas Yves à l'époque, mais  n'anticipons pas trop.

Une enfance à la mine

 

Le petit grandit dans un univers musical, et désespère ses parents car il ne pense qu'à dessiner, avec une préférence marquée pour la BD. Il se sert des partitions vierges de son père  pour éviter de tirer de lignes et les découper en cases, entraînant le courroux de ce dernier. 
« Arrête de raconter des histoires, ce n'est pas comme cela que tu réussiras dans la vie. » lui asséne souvent Nicole, sa mère. (1)
Profitant de ses relations, le père essaye de faire fréquenter à celui que nous appellerons Yves même si ce n'est pas son prénom, les rejetons d'autres musiciens. Ce fut le cas avec le fils de Louis Chédid en l'occurrence. C'est de cette époque qu'Yves raccourcit son nom. Comme son copain – Mathieu Chédid se fait déjà appeler M -  il se décide à se faire appeler H. 
Le groupe H&M est né!
Leur premier et ultime concert est hélas un fiasco, malgré une foule d'adolescentes en délire, qui finissent par jeter des cintres sur les musiciens, les accusant d'imposture. Elle étaient persuadées d'assister à un défilé de mode. 
Une autre tentative, un peu plus tard, avec la fille de Dominique A n'est guère plus brillante. 
Ils avaient intitulé leur concert « les actes d'HA », et n'ont eu que des notaires comme spectateurs, qui les ont sifflé abondamment...
Le père d'Yves comprend qu'il n'est pas fait pour la musique...

A Bruxelles un peu moins de deux décennies plus tôt, la famille Huppen a également fêté une naissance. Mais très vite, le petit garçon désespère ses parents, et notamment son père. La seule chose qui l'intéresse est la musique, et – horreur suprême – la musique pop, celle qu'exècre Hermann, le fameux dessinateur.

Lors d'un festival intitulé BD Rock, à laquelle Hermann participe contre son gré, le dessinateur et le musicien se rencontrent, et échangent sur leurs rejetons: 
HH: S'il jouait du Satie au piano, je ne dis pas... S'il chantait du Brassens, pourquoi pas? Mais non, il lui faut des décibels! Et il ne parle que de groove et de rif, de jamm et de gig... je n'y comprends rien. 
JH: Ne m'en parle pas! Le mien me causait récemment de phylactères, j'ai cru que c'était une insulte!
Un silence...
Tout s'est passé en un regard, et la décision a été prise.(2)
Jacques Higelin a précisé que son fils Arthur  a des goûts un peu scatologiques, le dessinateur n'en a cure. Un rocker contre un dessinateur, l'occasion est trop belle.

Chacun donc est reparti avec le fils de l'autre, chacun a su faire taire les protestations de mères au début peu enthousiastes. 
Arthur, qui se fait désormais appeler Yves H ( en souvenir de son premier patronyme, de même qu'Yves se fait appeler Arthur H ) peut dès lors réaliser son rêve: dessiner de la BD.

 

 

A plusieurs titres...

Sa première oeuvre s'intitule «  les sécrétions des hommes chiants » mais l'éditeur, trouvant ce titre trop scatologique le modifie en « secret des hommes chiens »
Yves boude et décrète «  Et merde à la fin, vous me faites chier, puisque c'est ainsi, je ne dessine plus »
On trouvera chez Ph. Tomblaine une version plus «  politiquement correct » de ce revirement.
La rancœur d'Yves dure toujours, en témoigne ce titre clin d'oeil paru des années plus tard: «  Sans pardon » - et l'on comprend mieux désormais pourquoi la thématique du rapport père-fils est si présente dans l'oeuvre d'Yves/Arthur. 
Celui-ci ne dessine plus donc, mais garde les mêmes centres d'intérêt, qu'il ne peut dès lors plus laisser éclater au grand jour. Tout n'est dès lors qu'allusions, qui témoignent de la frustration d'avoir été spolié de son titre. 
Certains affirment qu' il aurait  tenté de réitérer quelques années plus tard avec le titre «  Va chier » habilement déguisé en « Vassya ». Mais dans l'hagiographie yvachienne ( un adjectif révélateur! ), cela prête à controverse, et c'est tout sauf avéré. 
La « station 16 » n'était-elle pas en fait une station d'épuration? Le mystère demeure...
On s'interroge sur la nature précise des « traces » laissées par Dracula, de même que sur le sens exact à prêter au terme « empaleur », qui témoigne d'un glissement du scatologique vers le polisson. 
Car d'autres allusions sexuelles ont été glissées ça et là, mais les éditeurs veillant au grain « Manhattan bitch 1957 » et «  Retour au con, go! » ont à leur tour subi les foudres de la censure.

 

Athur/Yves alias Arthur H continue sa carrière de musicien, pour mon plus grand plaisir, car j'aime beaucoup son oeuvre. On ne sache pas que les deux hommes se fréquentent, mais Yves Arthur offre parfois des textes à Arthur/Yves, qui sont signés Arthur H, L'exemple le plus évident est « la fille de l'est » qui est en fait dédiée à la femme d'Yves. Le fait qu'elle vienne de Budapest et non de Bucarest n'est qu'un grossier leurre!(3)

Double dédicace Hermann / Yves H - qui a de beaux restes sur Duke, la boue et le sang
Double dédicace Hermann / Yves H - qui a de beaux restes sur Duke, la boue et le sang

(1)Des publicitaires ont depuis plagié la dame, pour satisfaire à une demande de Guy Degrenne...
(2)Milan Kundera, qui traînait dans le coin et a assisté à la scène s'en est d'ailleurs inspiré pour son roman, « la vie est un long fleuve tranquille ». Clint Eastwood, quant à lui affirme qu'il n'était pas là ce jour, et que cela n'a aucunement influencé le film «  l'Echange »
(3) Un monsieur Huppen dont je ne dévoilerai pas le prénom pour préserver son anonymat me signale que sa femme est originaire de Roumanie, mais pas de Bucarest ( de Iasi en fait, bien connue des cruciverbistes ) Je lui réponds que dans la chanson il fallait rimer avec "fille de l'est", et qu'avec Bucarest la rime est plus mieux. Il devrait d'ailleurs le savoir puisque c'est lui qui l'a écrite. J'en profite pour le remercier d'avoir le sens de l'humour -ce dont je ne doutais pas.

( par Le Bédéphile déchaîné )

 

Mes propos n'engagent que moi, peuvent être repris, même en intégralité. Je dis juste ça parce que ça me fait marrer ceux qui précisent toujours des trucs du genre "cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation." 

Reproduisez, reproduisez-vous, la France en a besoin !

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